ENTRER… et RESTER DANS L’ÉDUCATION NATIONALE ?
#Starterpack oui mais…. Comment survivre à l’EN ? Car ce n’est pas toujours du « plaisir » !
14/04/2025
« Sans en attendre rien / Mais pour le plaisir / Vouloir entrer dans l’Éducation Nationale / Et se dire / Quels beaux métiers / Sans même aller plus loin / Mais pour le plaisir / En passant / Simplement y penser / puis renoncer / Ne plus courber le dos / Même pour réussir / Préférer être bien dans sa peau / Que sourire sur commande / Avoir pendant des mois / Trimé comme un fou / Et un soir, tout claquer / D’un seul coup, oui / Plus de plaisir / Ne plus souffrir, oh, ne plus compter / Prendre la vie du bon côté / Si le ministère pouvait y réfléchir / Pour préserver l’avenir « .
D’après HERBERT LÉONARD, « Pour le plaisir », album Pour le plaisir, 1981.
L’Éducation nationale, beaucoup moins sexy !
Vous le savez, la section académique « Action et Démocratie CFE-CGC région AURA » est composée de mélomanes patentés. Et parfois aussi un peu nostalgiques des années 80… Aussi nous nous sommes permis de rendre un discret hommage à un de nos chanteurs populaires récemment décédé via l’introduction de ce billet. Néanmoins, et de manière ironique et parfois désabusée, cela nous permet de pointer de vrais problèmes qui minent nos professions. Des situations souvent ubuesques que notre section syndicale, parfois avec l’aide de notre avocat conseil Me Sébastien BRACQ du cabinet lyonnais ASTERIO basé à Lyon, tentent, souvent avec succès, de régler.
« Privilégiés », « bande de fonctionnaires » : on a tous subi au moins une fois ces quolibets et sarcasmes de la part de personnes ô combien bien intentionnées et bienveillantes à notre égard. Pourtant, comme nous l’apprenions en décembre dernier, les « privilèges » d’une vie dorée dans la fonction publique ne semblent plus faire autant recette… Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) parlait déjà d’un « message d’alerte, car nous faisons face à une crise structurelle et durable qui menace nos services publics ».
Et effectivement, à la lecture de ce rapport de « France Stratégie », il y a effectivement de quoi s’inquiéter puisque « 15 % des postes offerts aux concours de la Fonction publique d’État ont été non pourvus en 2022 ». À cela s’ajoute la difficulté de plus en plus grande de recruter des contractuels. Le nombre et la durée moyenne des vacances de postes témoignent, en effet, d’une difficulté de recrutement, « les contrats temporaires ne suffis[a]nt plus à combler la pénurie et à pourvoir aux postes vacants ».
Mais ce rapport n’est-il pas déjà daté à la lecture des nombreux témoignages nous parvenant depuis le début de l’année 2025 ? De plus en plus de contractuels sont contraints de quitter leur poste pour en occuper en catastrophe un autre, laissé vacant depuis le début de l’année scolaire… « Déshabiller Paul pour habiller Jacques », c’est le sort de nombreux contractuels de l’académie de la région AURA. Les mutations forcées se multiplient comme à Belley, où un enseignant contractuel se voit « muter » en plein milieu d’années, du collège Sabine Zlatin vers un autre établissement d’Ambérieu en Bugey, alors même qu’il était Professeur principal d’une classe de 6e… Rien que dans le département de l’Ain notre section syndicale a encore reçu deux signalements d’affaires similaires le mois dernier ! La pratique semble se généraliser… C’est désolant, méprisant pour les collègues et leurs élèves. Et terrible pour leurs conditions de travail et de vie familiale (distance domicile-travail, EDT complètement différent , problèmes pour garde d’enfant éventuel….).
Une autre collègue, professeure de Mathématiques dans l’académie de Grenoble, illustre le management erratique et déshumanisé qui prévaut parfois dans l’Éducation nationale. Son tort ? Avoir voulu accompagner son conjoint en fin de vie, atteint de la maladie de Charcot. En septembre 2024, l’administration lui impose une disponibilité d’office, refusant de lui accorder un congé longue maladie. Trois mois plus tard, elle demande sa réintégration, son établissement manquant cruellement de professeurs. Son médecin l’y déclare apte, son chef d’établissement la soutient. Mais l’académie de Grenoble s’obstine : elle ignore sa demande et la maintient en disponibilité forcée jusqu’en mai 2025, la laissant avec seulement 630 € par mois pour vivre et élever ses enfants. Pas un regard pour la détresse humaine, pas une once de bon sens. Il aura fallu deux mois et demi de lutte acharnée, des soutiens massifs sur les réseaux sociaux et plusieurs articles de presse pour que l’administration consente enfin à lui rendre son poste. Une lenteur scandaleuse quand le ministère prétend à une “Révolution RH” !
Et ces cas de professeurs des écoles titulaires remplaçants de secteur affectés sur des bouts de poste (par exemple pour assurer le complément de directeurs d’écoles déchargés) que l’on nous rapporte en région AURA et qui se voient demandés de partir, au pied levé, assurer des missions de remplacement jugées « prioritaires et urgentes« … Et donc de laisser leurs élèves, répartis ces jours-là dans les autres classes de l’école… Bilan : personnels qui doivent s’adapter en urgence à d’autres écoles et d’autres classes, élèves privés d’enseignement, collègues de l’école d’origine voyant leurs effectifs de classes alourdis, parents d’élèves mécontents…
Et que dire de ces personnels de direction déplacés en cours d’année quand un lycée ou un collège se retrouve sans « perdir » suite à un problème de santé par exemple ? Et bien on fait appel en urgence à un personnel d’un autre établissement… sans que le poste de ce collègue (dans son lycée ou collège d’origine) soit le plus souvent pourvu… Avec les conséquences au quotidien qu’on peut aisément imaginer… Dans l’académie de Lyon plusieurs situations de ce genre se sont présentées dans un passé récent.
Une situation de tension qui ne risque pas de s’améliorer, car la Fonction publique commence à avoir de plus en plus de difficultés à retenir ses agents en poste, contractuels comme titulaires. Entre 2014 et 2022, le nombre de départs de la Fonction publique pour un autre motif que la retraite a connu une augmentation de 47 % (+ 15 % pour ce qui concerne les seules démissions et ruptures conventionnelles). Des chiffres qui ne semblent pas devoir se tarir, non plus. Si, selon ce rapport, la Fonction publique reste encore aujourd’hui un « débouché privilégié pour les diplômés des catégories modestes [et] pour les femmes », la « sécurité de l’emploi » ne suffit plus à convaincre nombre de jeunes à la rejoindre… ou d’y rester.
Un problème d’attractivité rédhibitoire ?
Entre les départs d’un côté et la faible attractivité de l’autre, les postes non pourvus vont forcément se multiplier dans les bahuts, surtout ceux en marge des grandes métropoles. Avoir 3 ou 4 enseignants en moins dans l’emploi du temps d’une classe semble devenir la norme dans les établissements publics (surtout ceux des marges de l’académie AURA) ? La tristement célèbre « mère de famille », Amélie Oudéa-Castéra, pourra ainsi, se plaindre à juste titre du « paquet » (sic) d’heures manquantes dans la scolarité de ses enfants !
Alors, pour éviter de donner raison à Clemenceau, qui disait aussi que « les fonctionnaires sont un peu comme les livres d’une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins. », Action & Démocratie invite le ministère d’E. Borne à agir prioritairement sur trois axes pour redonner de l’attractivité à l’Éducation nationale. Il faut tout d’abord revaloriser l’image de la Fonction publique, mieux la faire connaître et éviter ce bashing anti-fonctionnaire qui suscite une telle défiance de ces métiers (et peut-être, déjà, ne pas oublier une partie de ses agents lors de la présentation de ses vœux…). Il faut ensuite revaloriser les traitements (non plus seulement par la mise en place de primes, souvent discriminatoires, mais par une hausse du nombre de points d’indice pour l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale), car il est tout simplement anormal qu’à niveau d’étude équivalent, après 15 ans d’ancienneté, les fonctionnaires de catégorie A touchent « près de 30 % de moins » que les cadres du privé. Il faut enfin offrir aux personnels de l’Éducation nationale des perspectives de progression et de réorientation. Cela permettrait aux personnels de catégories C et B d’accéder par voies internes à des postes de catégories supérieures et de faciliter la mobilité des agents tout au long de leur carrière. Mais, peut-être et avant toute chose, avoir une gestion de ses personnels, en particulier de ses contractuels, plus humaine en cessant de les ballotter d’un coin à l’autre de nos académies pour tenter de parer aux manquements de son recrutement (et donc de son attractivité).
Toutes ces questions, et bien d’autres, ont pu être évoquées lors de notre deuxième session de formation « SANTÉ ET SOUFFRANCE AU TRAVAIL DANS l’ÉDUCATION NATIONALE » ce jeudi 10 avril à Lyon avec notamment la participation de Me BRACQ.
Merci aux 80 participants pour leur intérêt et leurs nombreuses questions ! Pour toutes demandes d’informations complémentaires et pour l’envoi des bulletins d’adhésions , contactez-nous rapidement via les adresses web ou postale indiquées ci-dessous !
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CONTACTS
Cédric BIEL, professeur d’Histoire-Géographie-EMC en collège, président académique du syndicat « Action et Démocratie CFE-CGC Lyon et Clermont ».
cbiel.actionetdemocratie@gmail.com
OU un mail à la section académique : actionetdemocratieaura@gmail.com ou un appel au 06 25 72 46 36 (journée de permanence le jeudi).
OU un courrier à « ACTION ET DÉMOCRATIE section AURA, 46 impasse des Charmes, 01330 Villars les Dombes ».
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