Après Caen, Saint Jean de Luz
(Merci à AD Normandie pour ce texte)
L’assassinat de notre collègue Agnès Lassalle, à Saint Jean de Luz a un écho particulier en Normandie où en septembre dernier, une autre collègue avait été attaquée au couteau par un élève de son établissement. L’émotion avait très vive.
À cinq mois d’intervalle, deux professeurs ont été poignardés dans l’exercice de leurs fonctions, au sein même de leur établissement, par des élèves. Ces actes criminels font suite à la décapitation de Samuel Paty.
Aujourd’hui, les réactions vont de la révolte à l’abattement, et quel que soit ce niveau de révolte et d’inquiétude des uns et des autres, force est de constater que l’école n’est plus un sanctuaire consacré à la transmission des savoirs mais un lieu perméable à une violence qui atteint la criminalité : notre collègue Agnès Lassalle n’est pas « simplement morte », elle a été assassinée.
Le nombre des collègues qui ont PEUR en allant travailler n’est plus anecdotique ; il augmente. C’est un fait incroyable, mais il s’agit d’un FAIT : peur d’être incriminés, d’être calomniés, diffamés, insultés, outragés, agressés, frappés, attendus à la sortie par des bandes, et à présent nous faut-il aviser la possibilité d’être poignardés.
Il y a les affaires qui parviennent à être traitées sans dépôt de plainte, et celles qui débouchent sur une plainte déposée et parfois instruite : c’est au moins plusieurs dizaines de cas qui sont à déplorer. Un ordre de grandeur statistiquement faible mais humainement inacceptable.
La question qui nous préoccupe est celle de savoir si nous sommes, ou non, sur une trajectoire qui nous mènera bientôt à connaître des meurtres de masse dans les établissements scolaires, comme aux États-Unis.
Présentant nos condoléances aux proches de notre collègue, nous exprimons donc ici notre désarroi, notre inquiétude et notre colère face à ce nouveau drame à l’issue fatale.