Picsou et ses copains au Ministère : Mac Kinsey et Nicolas le Pantouflé…

Picsou et ses copains : Mac Kinsey et Nicolas le Pantouflé…

Article initialement diffusé en janvier 2022.

 

Rien de neuf sous le soleil bien pâle du syndicalisme (notamment celui de l’Education Nationale)… Du neuf il y en a pourtant dans les dernières informations nous revenant de la rue de Grenelle. Outre l’escapade majorquine de notre sémillant ministre il nous apparaît opportun de revenir sur quelques points qui nous semblent illustrer le bateau ivre de la « gouvernance » de notre Ministère.

 

1) Les personnels de l’Education Nationale ont appris il y a quelques jours en même temps que la France entière, que le ministère avait versé au cabinet Mac Kinsey France une somme d’environ 500 000 euros dont le bénéficiaire n’est toujours pas capable de dire à ce jour à quoi elle a véritablement servi. Plus précisément, lors de son  audition le 18 janvier 2022 par la commission sénatoriale ad hoc, à la question posée par la sénatrice Eliane Assassi (lien vidéo disponible ici) en sa qualité de rapporteur lui demandant à quoi avait abouti sa mission après avoir « obtenu un contrat d’un montant de 496 800 euros pour évaluer les évolutions (sic) du métier d’enseignant », Monsieur Karmi Tadjeddine, co-dirigeant dudit cabinet Mac Kinsey France, a répondu (verbatim) qu’il s’agissait « d’accompagner la DITP pour organiser un séminaire qui était prévu pour réfléchir aux grandes tendances du marché (sic) des métiers de l’enseignement et à ce titre quelles pouvaient être (sic) les réflexions autour du métier d’enseignant ». Et d’ajouter : « nous avons accompagné la DITP dans cette réflexion », effectué des « travaux de comparaison internationale (benchmarking) », « analysé les évolutions » afin de « réfléchir à des thèmes de réflexion » (sic) !

 

Le Picsou du Ministère a donc versé à un cabinet de conseil près d’un demi-million d’euros pour qu’il réfléchisse à des thèmes de réflexion et qu’il organise un séminaire ! C’est du moins ce que prétend l’entreprise bénéficiaire de cet argent, qui est l’argent des Français, rappelons-le…

 

Ces révélations provoquent la nausée et l’écœurement, car nous savons déjà très bien que c’est dans le cadre d’un soi-disant Grenelle où ont été invités les premiers venus et les moins autorisés à parler intelligemment du métier d’enseignant que le cabinet Mac Kinsey France a reçu un demi-million d’euros pour faire trois affiches destinées à persuader l’opinion que le Ministre avait revalorisé de « manière historique » le salaire des enseignants en l’augmentant en moyenne de 23 euros bruts par mois !

 

2) Picsou, pingre avec le « petit personnel », s’est montré bien plus prodigue avec d’autres : il a généreusement récompensé ses cadres en fin d’année à coup de primes conséquentes (jusqu’à 50 000 euros pour un recteur) pour avoir servilement appliqué sa politique et parfois réprimé les contestations des « gueux » des salles des profs et plus largement de « Ceux du terrain » : enseignants, AESH, Vie scolaire, administratifs, personnels techniques et de services… De belles carrières se font aujourd’hui au sommet de la pyramide : rapides, sans forcément les titres universitaires requis… (se référer à certaines nominations de recteurs) si on appartient aux bons réseaux et que l’on ne s’étouffe pas de certains arrangements avec sa conscience (voir les multiples affaires de répression de collègues pour des motifs ubuesques récemment : Jean-Christophe Peton à Besançon, William Thibault à Nantes, Matthieu Faucher à Malicornay…).

 

3) Des petits recasages de copains en galère aussi comme l’atteste la récente nomination du nouveau chef de cabinet de M. Blanquer : le distingué Nicolas le Pantouflé, un ancien député habitué à quémander des « cadeaux » aux ambassadeurs du Qatar à Paris (article de Challenges)  et régulièrement retoqué pour des conflits d’intérêts par les plus hautes autorités de l’Etat (article de Marianne).

 

Citons simplement « Marianne » dans son article du 30/12/2021 : « Tout est bien qui finit bien. Après une tentative de pantouflage ratée en raison de risques de conflit d’intérêts, Nicolas Bays, ex-conseiller et compagnon de la ministre de l’Industrie d’Agnès Pannier-Runacher, s’est finalement trouvé une place au soleil : ce jeudi 30 décembre, le Journal officiel annonce en effet sa nomination comme chef de cabinet du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. L’ancien député socialiste du Pas-de-Calais avait dû démissionner de son poste de chef de cabinet de la ministre de l’Industrie lorsque cette dernière avait, en avril dernier, donné son adresse lors du dépôt de sa candidature aux élections régionales dans les Hauts-de-France. Depuis décembre 2020, ce concubinage est en effet incompatible avec la loi, qui interdit à un ministre d’employer son conjoint.

 

Mais les malheurs du nouveau « dircab » de Picsou ne s’étaient pas arrêtés là : « Alors qu’il ambitionnait de se faire embaucher par le leader mondial des semi-conducteurs, le Grenoblois Soitec, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique avait recalé sa demande. Le Conseil d’État enfonçait le clou sur ce recasage, en soulignant que, de par ses anciennes fonctions, Nicolas Bays « avait été en position de connaître l’ensemble des sujets évoqués et d’influer sur les décisions prises » dans le domaine des composants électroniques, notamment soutenu par un plan d’aides publiques de l’État de 900 millions d’euros, Nano 2022. Selon les magistrats, sa reconversion présentait donc « un risque déontologique important ».

 

On rappellera que cette pratique du « pantouflage »  consiste pour un haut fonctionnaire à passer du public au privé pour obtenir un salaire souvent plus attractif en sachant faire jouer son « réseau » et en mettant en avant ses « compétences » (souvent acquises par sa formation et ses fonctions dans le… public). Les « gueux des salles des profs », les personnels de terrain… si souvent culpabilisés par leurs autorités de tutelle apprécieront toute la grandeur morale des nouveaux prestataires de service de l’Education Nationale…

 

On le voit le temps des « politichiens » comme le disait jadis De Gaulle n’est pas terminé au bon royaume de Grenelle. Les tenants de la forteresse et leurs affidés sont prêts à accueillir de nouveaux stipendiés…. Cela pourra toujours servir dans le futur…L’argent public n’est pas rare pour tous en ce bas monde… Les personnels « choyés » et « revalorisés de manière historique » apprécieront (graphique salaires profs)…

 

« Action et Démocratie CFE-CGC » dit les choses et ne cherche pas à engager les personnels dans des combats mal préparés et voués à l’échec. D’autres actions sont possibles, nous les menons au quotidien, rejoignez-nous !

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