Face à la prime « innovation » : Redevenir (presque) le prof préhisto ?

Face à la prime « innovation » :  Redevenir (presque) le prof préhisto ? 

 

« Projets bidons, copinages et cours de frime / Ça n’est pas une place pour moi / Mensonges gris aux apprenants et concurrence pour la prime / Vraiment pas une place pour moi / Smileys roses et cent items à cocher avant d’dormir / Ça n’est pas une vie pour moi / Prozac en intraveines, pâtes et riz pour se nourrir / Vraiment pas une vie pour moi / J’en ai marre, j’en ai marre de lire des trucs moches dans les B.O. / J’en ai marre, très, très marre qu’on m’dise c’qui est neuf ou ce qui est beau / J’veux partir / Redevenir le prof préhisto / Sans gommettes sans pipeau / Jouer du tam, tam, tam, tam, tam ».

D’après Michel Polnareff, « Tam tam », album “Bulles”, 1981.

 

« C’est nous qui passons quand nous disons que le temps passe ».

Henri Bergson, Durée et Simultanéité, 1922.

 

 

Dans son édition du 6 décembre dernier le journal « Les Echos » (lien ici) nous annonce « qu’une prime devrait être accordée aux enseignants qui s’investissent dans un projet d’innovation pédagogique. D’un montant annuel de 250 à 1.500 euros, elle serait versée en début d’année prochaine, préfigurant le futur « pacte » enseignant promis par Emmanuel Macron ».

 

 On le voit « l’individualisation des carrières », la « personnalisation des parcours » voilà ce qu’on entend par REVALORISATION du côté de la rue de Grenelle, et plus prosaïquement des « technos » du Ministère cadrés par les oukases de Bercy. Bien loin des promesses (déjà maigres) de revalorisation pour tous, d’ailleurs depuis démenties par le Mandrake de l’Education Nationale, celui qui transforme les étrennes en gifles, le triste Pap Ndiaye. C’est la volonté d’en finir avec la gestion collective des personnels, de mettre en place une concurrence entre les établissements (et même en leur sein entre les agents), de créer un climat où chacun sera tellement occupé à défendre ses intérêts particuliers qu’il ne sera plus jamais question de s’opposer à des décisions mortifères pour l’Ecole et plus largement notre jeunesse, par fatigue ou par peur. Et, last but not least, de rémunérer ces quelques « pourboires » par des primes non prises en compte pour la retraite…

 

« L’Ecole, une institution asphyxiée par la réforme » écrivait notre vice-président René Chiche dans Marianne l’an passé. Outre le fait de réaffirmer, utilement, que l’Ecole n’est pas « un service public d’Education » mais bien une « Institution » (ce qui n’est pas, et de loin, la même chose) il nous rappelait ainsi que le temps éducatif est celui du temps long. Les « réformes » permanentes et cycliques, au gré de Ministres de rencontre, jamais évaluées mais toujours présentées comme « innovantes » constituent l’aveu d’une impuissance manifeste doublée d’une arrogance crasse. Pensons à la mascarade de la réforme du collège (déjà !) en 2016 puis à celle qui ravage les lycées et leur organisation actuellement. Soyons plus humbles et réfléchissons bien avant toute mesure envisagée pour notre Ecole. Comme disait Bergson : « C’est nous qui passons quand nous disons que le temps passe ». Ne nous croyons pas toujours plus avisés que nos prédécesseurs à priori. En vérité la pierre angulaire de l’Ecole doit être l’Exigence. Les résultats et les parcours ne prendront pas la même forme pour tous : et alors ? Le but n’est pas l’illusion d’une « réussite » reposant sur des mensonges et des diplômes en chocolat. Il est bien plus de donner à chacun la possibilité de développer au plus haut ses capacités, de toutes sortes, et dans le domaine qu’il aura choisi en toute conscience. Et cela c’est possible !

 

La première pierre à poser, bien loin d’une énième réforme « innovante », est de fournir les meilleurs maîtres à notre jeunesse. Des concours exigeants, des professeurs bien formés et respectés pour leur haut niveau de connaissances, bien payés et bien traités par leur hiérarchie. Et à qui « l’on fichera la paix ».  Il n’y aura plus alors, soyez-en assurés, de « crise de recrutement » et les meilleurs étudiants voudront devenir enseignants. La deuxième consiste à graver une règle d’or dans le Code de l’éducation pour assurer à nos enfants des conditions d’étude correctes avec des classes à effectifs raisonnables. Les comparaisons européennes font à cet égard froid dans le dos. Que nos dirigeants prennent ces deux décisions et la très grande majorité des problèmes sera résolue. Mais finalement peut-être est-ce trop simple ? trop « conservateur » ? Serions-nous des « préhistos » ?

 

La vérité est bien sûr ailleurs. C’est à chaque enseignant de décider de sa pratique, nous sommes et seront toujours des artisans soucieux de faire bon ouvrage. L’interdisciplinarité, l’ouverture à d’autres manières d’enseigner, le recours à des « projets » ? Pourquoi pas ? Mais cela doit être laissé à l’arbitrage de l’expert : le professeur dans la salle de classe. Et en aucun cas le prétexte à une concurrence malsaine attisée par la paupérisation de toute une profession savamment tue voire niée depuis des décennies. « Ceux du terrain » le savent bien. C’est NOUS qui, in fine, avons les clés de l’avenir du pays. On ferait bien de s’en souvenir.

 

« Action et Démocratie CFE-CGC » s’oppose une nouvelle fois à cette « réformite » permanente, maladie dégénérative de l’Education nationale (dont le vaccin reste à découvrir…) issue de « l’alliance objective entre des adversaires apparents : les promoteurs de ces réformes voulant mettre à bas le supposé élitisme français reposant sur les humanités classiques et les utilitaristes pour qui ces vieilleries ne servent à rien au regard de l’unique impératif : produire une main d’œuvre adaptée dans la compétition mondiale » pour citer un récent éditorial de Natacha Polony. Elle augure d’un avenir morose pour les personnels entre futur « pacte » attrape-gogos et innovation « piège à c… ». Ni « idiots utiles » ni opposants systématiques nous continuons de faire le « Pari de l’Intelligence » afin de construire un syndicalisme sans idéologie et au plus proche des attentes des personnels. Et il ne faudra donc pas compter sur nous pour avaliser ces projets de réforme porteurs de sombres sous-entendus et annonciateurs de lendemains pénibles.

 

 

BILAN DES ELECTIONS PROFESSIONNELLES dans l’académie de Lyon pour notre syndicat :

 

« Action et Démocratie CFE-CGC » gagne plus de 200 voix par rapport à 2018 (+ 200 % !). C’est la meilleure progression en voix de l’Académie pour les listes déjà présentes en 2018 ! « Action et Démocratie CFE-CGC », une progression fulgurante à LYON ! Nombre de voix récoltées X 3 soit + 200 % aux élections professionnelles par rapport à 2018 ! MERCI A TOUS !

 

Pas de sièges pour « Action et Démocratie CFE-CGC » au CSA de l’Académie de Lyon mais la plus forte progression des syndicats de l’Académie pour les listes déjà présentes en 2018 ! Cela ne fait cependant pas obstacle à notre droit d’agir notamment pour l’accompagnement
des collègues qui contesteraient une décision administrative. Notre syndicat a obtenu ce droit devant le Conseil d’état qui a été élargi par le Conseil Constitutionnel (lien ici). Et oui, AD ne se contente pas de protestations de pure forme, de postures médiatiques ou simplement d’appels récurrents à des journées de grève d’une journée vouées à l’échec ! Nous n’hésitons pas à saisir les plus hautes juridictions de l’Etat afin de défendre les intérêts des personnels lorsque le  Ministère s’affranchit des règles élémentaires du droit ! Nous sommes encore jeunes dans l’académie, pas encore implantés partout mais résolument sur la voie de l’ACTION pour refaire de l’Education nationale une fierté partagée et remettre en place une Ecole qui INSTRUISE !

 

Merci aux collègues qui ont accepté de figurer sur nos listes, ont contribué à notre campagne, ont voté et fait voter pour nous ! Merci aussi aux amis de la confédération CFE-CGC Auvergne-Rhône-Alpes pour leur soutien. Ces résultats nous obligent et décuplent notre volonté de nous engager au service des collègues, toujours plus nombreux, qui nous rejoignent. Le bureau académique appelle l’ensemble des collègues qui ont voté pour nous et/ou qui ont montré de l’intérêt pour nos actions et propositions à nous REJOINDRE !

 

Le bureau académique « Action et Démocratie CFE-CGC » Lyon adresse à l’ensemble des collègues ses meilleurs voeux pour la nouvelle année ! Elle sera très vraisemblablement rude mais aussi passionnante. Nous prendrons évidemment toute notre place dans les grands débats qui s’annoncent.

 

L’ensemble de nos articles est disponible ici : lien lettres infos AD Lyon

L’ensemble de nos vidéos est disponible ici (humour de basse qualité garanti !) : lien vidéos AD Lyon

 

Pour tout renseignement supplémentaire, allez sur le site d’Action et Démocratie Lyon où vous trouverez les documents susmentionnés ainsi que les coordonnées de contact académique et les liens pour vous syndiquer : https://actionetdemocratie-lyon.fr/

 

Visitez aussi le site national d’Action et Démocratie, un syndicat neuf, une voix différente : https://actionetdemocratie.com/

Ensemble, nous pouvons faire changer les choses, rompre avec la morosité ambiante et retrouver le sens de nos métiers.

 

Consultez notre revue « Le Pari de l’Intelligence » en ligne ici : https://actionetdemocratie.com/le-pari-de-lintelligence-n3-aout-2022/

 

 

CONTACTS

 

Une visite sur le site internet académique : https://actionetdemocratie-lyon.fr/ 

 

Un mail à actionetdemocratie-lyon@laposte.net !

 

Ou sur les réseaux sociaux : Twitter Action et Démocratie Lyon / Facebook Action et Démocratie Lyon

 

Ou par téléphone : 06 25 72 46 36 (comme nous sommes très souvent en classe, n’hésitez pas à laisser à un message, nous rappelons systématiquement sous quelques heures).

 

Consultez aussi le site national : http://www.actionetdemocratie.com

 

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