De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et l’École est sauvée ! la lettre d’info AD Lyon/Clermont du 18/03/2024

 

NON aux « groupes de niveau » ! / GRÈVE ou pas grève ? / Comment LUTTER ?

« Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et l’École est sauvée ».

18/03/2024

 

 

« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ».

Georges Jacques DANTON, Discours sur l’Éducation, 13 août 1793.

« Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée ».

Georges Jacques DANTON, Discours à l’Assemblée Législative, 2 septembre 1792.

« Aimez-vous les uns les autres : filioli diligite invicem, et supportez vos défauts ».

Camille DESMOULINS, « Lettre au général Dillon », 1793.

 

   Les nuages s’accumulent dans le ciel de l’Éducation nationale. La désastreuse nouvelle nouvelle nouvelle… réforme du collège avec sa mesure phare des « groupes de niveau » en Français et en Mathématiques semble inéluctable aux dires de la nouvelle ministre Mme Belloubet et du Premier Ministre M. Attal… Les textes viennent en effet de paraître au Journal Officiel comme l’annonce le journal « Le Monde ».

 

Pourtant, cette mesure est rejetée par la très grande majorité des personnels concernés qui, à juste titre, ne veulent pas que leur service ne soit dorénavant composé que de « groupes » et non plus de classes. Elle est également repoussée par la totalité des organisations syndicales (vote CONTRE à l’unanimité lors du dernier CSE le 8 février), même si les raisons du refus ne sont pas exactement les mêmes d’une organisation à l’autre. Nous nous accordons cependant tous sur un point, y compris avec les chefs d’établissement : cette mesure mal conçue va produire des effets néfastes autant sur les élèves eux-mêmes que sur l’organisation pédagogique. Elle suscite aussi l’inquiétude de très nombreux parents d’élèves.

 

Cette mesure, pourtant précédée par un constat enfin lucide sur le collège, quelques bonnes intentions (voir ci-dessous) est une terrible usine à gaz qui va désorganiser les établissements et générer de lourdes conséquences sur le travail des enseignants. Le diagnostic était bon mais le remède n’est pas adapté et sera contre-productif. Pour nous ce sera donc NON !

 

Dans son éphémère passage au Ministère Gabriel Attal nous avait semblé envoyer quelques signaux positifs : restauration annoncée de l’autorité des enseignants, clarté sur la laïcité dans nos Écoles, priorité aux savoirs et à leur transmission par rapport aux dérives du « pédagogo-gisme »… Bien entendu nous n’étions pas dupes de certaines arrières-pensées politiques personnelles mais nous étions preneurs de certains constats et mesures (clarification sur le port des abayas à l’école, retour de la décision des professeurs pour un éventuel redoublement…).

 

Malheureusement le gouvernement semble aujourd’hui s’enferrer dans la volonté de mettre en place, coûte que coûte, sa mesure de « groupes de niveau » en collège. On ne reviendra pas sur l’inutilité et la nocivité de ce projet (largement détaillées dans nos publications précédentes). On insistera désormais surtout sur la manière de s’y opposer et notamment de sortir enfin des vieilles habitudes inefficaces et désespérantes des luttes menées dans un passé récent. Déjà nous entendons les slogans habituels « grève d’une journée« , « construction progressive du rapport de force » etc….

 

À « Action et Démocratie CFE-CGC » nous sommes las des « défaites encourageantes », des « nous avons exigé en audience ministérielle », des communiqués syndicaux déconnectés et rédigés en écriture « inclusive » pour afficher bien haut sa « vertu », se donner l’illusion qu’on lutte résolument contre les violences sexistes et faire taire ainsi sa mauvaise conscience etc…. Paraphrasant Danton en septembre 1792 nous pourrions dire dans une langue simple, belle et forte : « « Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et l’École est sauvée ».

 

Cette semaine, mardi 19 mars 2024, est annoncée une grève dans le service public pour réclamer une revalorisation salariale. Comme à chaque fois, lorsqu’il est question de journées isolées nous informons nos adhérents de l’appel de notre confédération (et fédération) la CFE-CGC, et les laissons parfaitement libres de se positionner comme ils l’entendent. Si la revendication est totalement fondée, l’effet sur le gouvernement Attal est peu probable malheureusement car ces actions ponctuelles d’une journée sont souvent inefficaces.

 

Chacun décidera, en fonction de ses convictions et de sa situation personnelle, d’y participer ou pas. Mais bien au-delà de la grève, outil parfois utile mais non suffisant, il convient de se poser la question des modes d’action futurs.

 

Changeons de logiciel, faisons évoluer les modes d’action : construisons des collectifs locaux sans rivalités syndicales décourageantes ni anathèmes politiques hors de propos et lourds de sous-entendus démagogiques. Lançons-nous dans une vaste campagne d’information auprès des parents, du personnel politique des territoires et de la presse locale, partageons nos textes et nos idées pour faire reculer ce projet de sinistre facture… La grève peut être envisagée mais elle ne constitue pas un but en soi. C’est un moyen parmi d’autres et elle ne se décide pas à la légère ni sans préparation et concertation. Nous sommes convaincus que beaucoup peut être obtenu sans forcément y recourir (ne perdons pas de vue la situation financière de beaucoup d’entre nous ! Il s’agit de se montrer responsable, pragmatique et de s’affranchir de l’idéologie).

 

En ces temps incertains il est parfois bon de se poser un peu, d’arrêter le cours de nos vies professionnelles épuisantes et de lire, puis de réfléchir. Et de se poser une question : avons-nous VRAIMENT des représentants syndicaux qui comprennent la base, qui veulent changer réellement les choses et poser les vraies questions sans compromissions ni calculs politiques ?

 

Nous reviennent en mémoire ces deux phrases de Marc Bloch, célèbre historien médiéviste, combattant des deux guerres mondiales et grand résistant, tirées de « L’Étrange Défaite » ce livre écrit en quelques semaines à l’été 1940 après la débâcle. Toutes proportions gardées et sur un tout autre sujet, nous y voyons des analogies avec bien des mouvements syndicaux historiques de l’Éducation Nationale devenus des spécialistes de la défaite depuis 30 ans.

 

« Beaucoup d’erreurs diverses, dont les effets s’accumulèrent, nous ont mené au désastre. Une grande carence, cependant, les domine toutes. Nos chefs ou ceux qui agissaient en leur nom n’ont pas su penser cette guerre. En d’autres termes, le triomphe de nos ennemis fut, essentiellement, une victoire intellectuelle et c’est peut-être là ce qu’il y a eu en lui de plus grave ».

 « Jusqu’au bout, notre guerre aura été une guerre de vieilles gens ou de forts en thèmes, engoncés dans les erreurs d’une histoire prise à rebours : une guerre toute pénétrée par l’odeur de moisi qu’exhalent l’École, le bureau d’état-major du temps de paix ou la caserne (ici les structures nationales de la plupart des syndicats « historiques »). Le monde appartient à ceux qui aiment le neuf ».

 

Le combat dans l’Éducation Nationale n’est plus « pensé » depuis des années, la plupart des chefs syndicaux sont des « héritiers » qui ont dilapidé le fruit du travail de leurs glorieux aînés par paresse, facilité voire renoncement. Une vraie « défaite intellectuelle » qui se poursuit, et qui continuera dans les modes d’action actuels. « Action et Démocratie CFE-CGC » représente aujourd’hui pour l’ensemble des personnels  « le neuf », et ce n’est pas une question d’âge mais d’état d’esprit, d’écoute et d’énergie.

 

Notre engagement n’est pas guidé par une position idéologique mais d’abord par un diagnostic qui se veut réaliste. Tout figement de l’intellect en amont, toutes les « habitudes » et les routines de la pensée conduisent, en aval, à des catastrophes. Et même parfois avec la meilleure volonté du monde.

 

La question du « neuf » et du « vieux » est centrale. Certaines personnes extérieures voient A&D et ses membres comme des passéistes, des « conservateurs ». J’entends même parfois la pénible expression « suppôts de l’extrême-droite » de la part de syndicats concurrents à court d’arguments ! A titre personnel cela me blesse et heurte tout mon parcours de citoyen, de professeur, d’homme exerçant sa Raison. Et je saurai confronter en temps utile ces moralisateurs et donneurs de leçons professionnels à leurs mensonges et autres basses attaques. Mais en tant que représentant syndical je m’en moque : notre syndicat est clairement et statutairement apolitique. On n’y fait pas de politique partisane ou « politicienne ». Je suis toujours heureux d’y retrouver, lors de nos réunions nationales, un très large éventail de sensibilités. Malgré nos différences nous nous rejoignons tous sur les questions liées à l’École. Il est pénible d’opposer stupidement l’avenir au passé, comme si l’un devait forcément s’établir sur les ruines de l’autre, sur une tabula rasa.

 

Je pense plutôt, comme un Marc Bloch à l’été 40 sur un tout autre sujet, que le fond du problème est psychosociologique et cognitif : le « moisi » et la « défaite intellectuelle » viennent d’une incapacité morale, mentale et psychologique à sortir des habitudes, des a priori, de l’inertie des croyances, des « on a toujours fait comme ça » … On ajoutera sans doute aussi que le changement, la mobilité d’esprit, ce n’est pas de plonger la tête la première dans un avenir idéologisé à coup de fausse bienveillance et de culte de l’innovation pédagogique à tout crin, de numérique à tout va, d’écriture pseudo inclusive…

 

Alors, que proposons-nous ?

 

Afin de relever le niveau scolaire et de retrouver enfin une école qui instruise nous avons formulé récemment toute une série de propositions que vous retrouverez dans notre dossier spécial « Mission exigence des savoirs ». Prenez quelques minutes pour le parcourir et vous faire votre idée !

 

Nous réitérons notre appel, jusqu’à présent resté sans réponse, à une réunion de l’ensemble des syndicats, au plus vite et dans n’importe quel endroit pour débattre franchement des revendications de l’ensemble des personnels. Une sorte d’États Généraux du syndicalisme dans l’Éducation Nationale, afin d’établir une plate-forme commune de 4 ou 5 exigences claires qui seront transmises dans le cadre d’un préavis avant une grève reconductible. En cas de réponse négative (voire d’absence de réponse) cela nous conforterait malheureusement dans notre diagnostic de l’échec des vieux appareils syndicaux et des méthodes du passé… Nous espérons néanmoins un sursaut des autres organisations face aux demandes fortes et légitimes de la base. Le mécontentement général des personnels est propice à cette démarche, il faut la mettre à profit en engageant le bras de fer sur les bons mots d’ordre…

 

Le monde de l’Éducation est aujourd’hui bien composite voire fracturé : les syndicats, souvent décrédibilisés par leur inefficacité ou leur politisation, ne recrutent ni n’entraînent plus, les personnels rechignent, par fatigue, peur ou découragement, aux actions collectives. Il faut donc en premier lieu redonner de l’espoir et du sens. Les luttes syndicales, les débats pour gagner les élections professionnelles ne sont pas l’enjeu du jour. Cet espoir passe par de l’audace mais aussi par le respect mutuel, tout en se disant les choses franchement, et le rassemblement commun autour d’un but sacré : l’École. Comme l’écrivait Desmoulins au seuil de l’échafaud nous devons faire fi de nos différences de sensibilité et « supporter nos défauts » respectifs afin de GAGNER. Gagner enfin. Après tant de défaites.

 

De l’audace, du sens voire même (rêvons un peu) de l’unité !

 

L’audace c’est l’ADN de notre syndicat « Action et Démocratie CFE-CGC » (cliquer sur les liens suivants pour plus d’informations). La défense inaltérable de Samuel Paty par-delà les années, le soutien aux collègues harcelés et broyés par la machine, les actions en justice au Conseil d’État ou/et au Conseil Constitutionnel pour forcer le Ministère à respecter le droit, la défense de la liberté d’expression des personnels etc… Le tout sans idéologie ni action politique mais en respectant les convictions de chacun au sein de notre organisation.

 

Cela demande de la résolution et de l’énergie. Mais cela en vaut la peine ! Écoutons encore Danton nous le rappeler par ces mots de 1793 : « Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». C’est l’honneur des personnels et de leurs représentants d’agir en ce sens pour éviter une catastrophe annoncée. Encore faut-il aller au-delà des mots et des postures.

 

Y sommes-nous prêts ? En tout cas « Action et Démocratie » l’est. Assurément. Et vous ? Et toi ?

 

Cédric BIEL, professeur d’Histoire-Géographie-EMC en collège, président académique du syndicat « Action et Démocratie CFE-CGC Lyon ».

 cbiel.actionetdemocratie@gmail.com ou @cedric_biel (X ex-Twitter)

OU un mail à la section académique : actionetdemocratieaura@gmail.com ou un appel au 06 25 72 46 36 (journée de permanence le jeudi).

 

Nous sommes preneurs de chacune de vos remontées de terrain (constats, suggestions…) afin de publier vos témoignages (anonymement ou pas selon votre volonté) et surtout d’envisager des actions concrètes face à une catastrophe annoncée.

 

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N’hésitez pas à adhérer dès maintenant (et bénéficier d’une remise de 50 % en indiquant sur votre bulletin d’adhésion « Remise nouvel adhérent ») ou faire un chèque correspondant à votre situation. Vous pouvez aussi déjà prendre votre adhésion pour 2024/2025 (tarif spécial – 10 %) qui sera valable pour l’an prochain mais qui vous couvrira dès maintenant ! (accès à nos services : renseignements et aide personnalisée, revues et lettres d’info…).

 

Voici le lien pour télécharger votre bulletin d’adhésion selon votre corps, idem pour l’autorisation de prélèvement automatique si besoin.

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En cas de doute contactez Anne du Secrétariat national en charge de ces questions, c’est aussi à elle que vous devrez renvoyer ces documents le cas échéant et non à nous à AD Lyon / Grenoble / Clermont.

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Un mail à : actionetdemocratieaura@gmail.com ou un appel au 06 25 72 46 36.

 

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