ANN(I)E et l’Éducation à la sexualité…
Quelle histoire ! et pourtant… (she hadn’t got a gun…)
10/12/2024
« What did her daddy do? / She ain’t never gonna be the same / Janie’s got a gun / Janie’s got a gun / Tell me now it’s untrue, what did her daddy do? / He raped a little bitty baby, the man has got to be insane / Run away, run away from the pain, yeah, yeah, yeah, yeah / Run away, run away from the pain, yeah, yeah / She said, « ‘Cause nobody believes me, the man was such a sleaze / She ain’t never gonna be the same ».
AEROSMITH, « Janie’s got a gun », album Pump, 1989.
Que de polémiques autour de ce programme d’éducation à la sexualité ou plutôt d’ « Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité » (EVARS) ! Dissensions entre les têtes dirigeantes d’un bien bref ministère, polémiques sur les réseaux sociaux et de multiples articles de presse on ne sait plus, parfois, qu’en penser réellement. Et pourtant il apparaît plus que nécessaire d’apporter des informations fiables à la jeunesse dans un monde qui a changé et où l’accès à la pornographie se fait dès 9 ou 10 ans et où 20 % des enfants sont victimes de violences sexuelles selon cet article de L’Express. C’est le sens des quelques paroles mises en exergue de ce billet, tirées d’une chanson du groupe de rock américain Aerosmith « Janie’s got a gun« . Le texte s’inspire de faits tristement réels et raconte le désarroi d’une jeune femme qui finit par tuer son père incestueux à la suite d’années d’agressions sexuelles. Le cinéaste David Fincher, encore au début de sa carrière, signe un clip glaçant avec un jeu de lumières imposant une obscurité nécessaire et des images explicites.
Avec Samuel Paty et Dominique Bernard, nul enseignant ne peut ignorer les risques d’aborder certaines thématiques autour de la laïcité, la liberté d’expression… sans oublier quelques sujets historiques épineux. Mais les islamistes ne sont aujourd’hui plus les seuls à vouloir mettre la pression sur l’école de la République. Les cours d’éducation à la sexualité sont devenus le nouveau champ de bataille des conservateurs et autres réactionnaires de tout poil, comme l’a révélé un Complément d’enquête (magazine d’information de France 2) du mois dernier. La question de la « protection fonctionnelle » devient alors cruciale, nous l’évoquerons en détail à la fin de ce billet.
Souvenez-vous, c’était il y a un an à peine. Suite à des propos qu’aurait tenus une infirmière scolaire de la Loire devant des enfants de 9 à 10 ans, la machine médiatique s’était mise en branle (voir cet article sur le site de France info). Sans avoir pris la peine de vérifier leurs « informations » (sic) auprès de la principale intéressée (ou même de croiser leurs sources), l’association « Parents vigilants » ainsi que d’autres avaient jeté en pâture notre collègue de St-Etienne. Devant l’opprobre jeté sur elle, on aurait pu espérer un peu de soutien de la part du rectorat de Lyon, une petite déclaration publique, un petit mot de compassion… Que nenni ! Courageusement, il préféra, à l’époque, s’en désolidariser. Le « pas de vague » a la vie dure dans l’EN malgré les incantations ministérielles !
Alors certains nous diront, peut-être avec raison, que cette émission de France 2 adopte parfois un angle et un ton particulièrement agressif voire partisan. Qu’elle se donne parfois des airs de parangon de vertu et un ton moralisateur malvenu… On peut entendre cet argument, du moins accepter de l’avoir en tête. Certains journaux, assez orientés politiquement, dépeignent aussi une infirmière scolaire qui serait « engagée par ailleurs sur une liste municipale de gauche, militante pro-trans et présidente d’une association défendant les clandestins »…
Et alors ? Est-ce un problème ? Chacun a le droit dans sa vie privée de faire ses choix et de s’engager en politique ou de participer à des soirées à caractère associatif sur des sujets divers et variés. A partir du moment où le comportement professionnel est irréprochable et où la distinction est effectuée de manière bien nette par l’agent public concerné on s’en moque… Et c’est bien là l’essentiel !
Que cette collègue soit, en dehors du cadre professionnel, engagée en politique dans sa ville et au niveau associatif n’est pas un problème si elle établit clairement une distinction entre son travail et sa vie en dehors. Ce qui semble être le cas d’après nos recherches. Le Rectorat de Lyon, interrogé récemment à propos de cette affaire lors du dernier C.A.E.N de novembre, a affirmé soutenir l’ensemble des personnels de l’académie attaqués de façon calomnieuse. Et ne s’est pas désolidarisé, cette fois, de la collègue (alors que la réaction initiale du Rectorat avait été bien plus floue voire énigmatique comme nous l’avions évoqué plus haut…). Le Recteur a par ailleurs indiqué qu’il n’avait pas été sollicité par l’émission, à son grand regret. Manifestement les services rectoraux ont analysé la situation de manière plus détaillée et n’ont pas trouvé à redire à la posture professionnelle de cette collègue. Jusqu’à démonstration du contraire.
Une stratégie de dénigrement public pour mieux contraindre, par la peur, les enseignants sur certains sujets (voire à en faire l’impasse) ? C’est ce qu’avoue tout sourire un ancien journaliste bien connu reconverti récemment en politique lors d’un colloque des « Parents vigilants », tenu au Sénat l’année passée. Il se félicite même de « l’effroi » de certains de nos collègues suite aux actions de ce mouvement…Une citation ? : « La justesse du combat se mesure aussi à l’effroi suscité chez l’adversaire... » Les enseignants, du moins une partie, seraient donc des « adversaires » ? Mais de qui ? Et pourquoi ? …… Afin de ne pas heurter la sensibilité des 75 000 membres de cette association, les professeurs sont invités à se restreindre dans leur expression et/ou à ne pas remplir ce pour quoi ils sont payés, dispenser le programme scolaire. Mais jusqu’où ira-t-on dans les menaces ou intimidations faites aux collègues ? Si des fautes ont été commises c’est à l’institution de réagir et sûrement pas à des personnes sortant de leur rôle ! Une méthode qui semble déjà porter ses fruits, comme un rapport public le démontre. Alors que trois séances par an d’éducation à la sexualité sont théoriquement obligatoires, moins de 15 % des élèves en bénéficient à l’heure d’aujourd’hui (d’après le CESE).
Notre combat à « Action et Démocratie CFE-CGC » Lyon/Clermont, c’est de défendre nos collègues des attaques insupportables dont nous sommes régulièrement victimes. Nous soutenons donc cette collègue tout comme nous avions soutenu à l’époque, sur un autre sujet, un autre collègue attaqué et menacé par des personnes extérieures et victime d’une instrumentalisation potentiellement dangereuse ! (provenant d’ailleurs d’un autre pan de l’échiquier politique). Cessons ces polémiques vaines et ridicules. Réfléchissons plutôt ! Lisons vraiment le projet de programme #EVARS, ne confondons pas « genre » et « théorie du genre« , reformulons peut-être certaines propositions de démarches pédagogiques, ayons un débat sur l’âge à partir duquel parler de ces questions aux enfants, soyons très rigoureux sur le choix des intervenants extérieurs etc….
Bref, et pour parler clairement, nous réaffirmons la nécessité du principe d’une éducation à la sexualité (ce qui d’ailleurs est déjà inscrit dans le code de l’éducation). Sur le projet de programme proprement dit notre syndicat proposera bientôt quelques amendements en ayant en vue l’intérêt des élèves mais aussi des personnels et non les vaines polémiques. Mais, de grâce, informons la jeunesse et éclairons-là sur ces questions et surtout écoutons là. Tant de drames resurgissent parfois lors de ces séances et recueillir ces paroles doit rester une priorité. En gardant évidemment le sens de la mesure et notre esprit critique. C’est possible. C’est souhaitable.
Travailler aujourd’hui dans l’E.N. c’est être constamment surveillés et potentiellement accusés. Entre islamistes radicaux, associations de parents systématiquement « offensés » et parfois élèves contestataires nous sommes cernés. Quelle tristesse ! Quel drame ! Restons unis chers collègues. Et serrons les rangs.
Pour AD Lyon/Clermont, la liberté pédagogique et la protection des personnels ne doivent pas rester des vains mots. Et nous le prouvons ! Elles doivent être défendues avec âpreté contre tous ceux qui veulent en amoindrir la portée. A-t-on besoin de rappeler que chaque enseignant (contractuel comme titulaire) a le droit de bénéficier de la protection fonctionnelle lorsqu’il est « victime d’atteintes volontaires à l’intégrité de sa personne, de violences, d’agissements constitutifs de harcèlement, de menaces, d’injures, de diffamations ou encore d’outrages, sans qu’une faute personnelle puisse lui être imputée » (aux termes du premier alinéa de l’article L. 134-5 du code général de la fonction publique). Jusqu’ici cette protection fonctionnelle était soumise au bon vouloir des recteurs et vous avez été nombreux à nous faire part de refus ou pire encore, d’absence de réponse à vos sollicitations.
Mais ça, c’était avant que ne paraisse la circulaire ministérielle publiée au bulletin officiel n°46 du 5 décembre 2024 pour laquelle « Action & Démocratie CFE-CGC » a de bonnes raisons de se féliciter en se réjouissant d’avoir été entendu. L’automaticité de la protection fonctionnelle faisait en effet partie des revendications que nous avions formulé à la suite de la publication du bilan de la protection fonctionnelle en septembre 2024. Dans ce cas, la « collectivité publique est également tenue de réparer le cas échéant, le préjudice qui est en résulté » … Une collègue n’ayant « commis aucune faute professionnelle » n’a pas à subir un tel harcèlement public. Dont acte !
POINT sur la PROTECTION FONCTIONNELLE !
Nous nous félicitons d’ailleurs à ce titre d’une récente communication du ministère à ce sujet. Notre communiqué ici : communiqué « Action et Démocratie CFE-CGC » protection fonctionnelle décembre 2024
Il en résulte notamment :
– octroi immédiat de la protection fonctionnelle, même sans demande, qui comprend notamment l’accompagnement des personnels dans leurs démarches juridiques (dépôt de plainte), avec mise en œuvre de l’ensemble des mesures de gestion et d’assistance adaptées dans le parcours de carrière, d’accompagnement, de soutien médical, psychologique, social.
– saisine du procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale.
– demande immédiate de retrait des contenus (signalement Pharos) qui ciblent les personnels sur les réseaux sociaux par les services concernés et suivi jusqu’à leur retrait effectif.
REJOIGNEZ « ACTION ET DÉMOCRATIE CFE-CGC » POUR RELEVER LA TÊTE ET DÉFENDRE NOTRE ÉCOLE !
CONTACTS
Cédric BIEL, professeur d’Histoire-Géographie-EMC en collège, président académique du syndicat « Action et Démocratie CFE-CGC Lyon et Clermont ».
cbiel.actionetdemocratie@gmail.com ou @cedric_biel (X ex-Twitter)
OU un mail à la section académique : actionetdemocratieaura@gmail.com ou un appel au 06 25 72 46 36 (journée de permanence le jeudi).
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