LAÏCITÉ à DÉFENDRE ! Retour sur une polémique révélatrice…
Quand religion, politique et éducation se mélangent
12/05/2025
« […] Jusqu’au jour, que j’appelle de tous mes vœux, où la liberté complète d’enseignement pourra être proclamée, et en commençant je vous ai dit à quelles conditions, jusqu’à ce jour-là, je veux l’enseignement de l’Église en dedans de l’Église et non dehors. Surtout je considère comme une dérision de faire surveiller, au nom de l’État, par le clergé l’enseignement du clergé. En un mot, je veux, je le répète, ce que voulaient nos pères, l’Église chez elle et l’État chez lui […] ».
Victor Hugo, Discours à la Chambre des députés, 14 janvier 1850.
Retour, à froid, sur une (des) polémique (s) bien significative(s) des attaques envers le principe de laïcité dans nos établissements d’éducation.
Un rappel des faits :
Alertés par un texto de Mickaëlle PATY, puis par quelques collègues militants d’associations laïques, sur la tentative d’intimidation de notre collègue Fabrice BALANCHE lors d’un de ses cours à l’Université Lyon 2 nous sommes, encore une fois, pris de vertige puis de colère. Comment ça ? Après Samuel Paty, après Dominique Bernard, après le proviseur du lycée Ravel à Paris…. Après tant d’autres affaires plus ou moins médiatisées le cauchemar allait se poursuivre, s’amplifier, toucher de nouveaux collègues ? On pourra nous objecter que cela concerne le Supérieur, que l’application du principe de laïcité n’implique pas les mêmes conséquences à ce niveau que dans le Secondaire ou le Primaire etc…
Cela est en partie vrai. En partie seulement. Et en premier lieu parce que le droit doit s’appliquer partout, y compris dans nos universités. Intimider un enseignant et perturber voire empêcher la tenue de son cours de cette façon est totalement inadmissible. Par principe. Merci aux ministres de tutelle et à la direction de l’université d’avoir réagi promptement.
Oui, et quoi qu’on en dise, simple respect de la loi. C’était d’ailleurs le sens de la décision initiale de l’université de Lyon 2 au sujet de ce projet de soirée de rupture du jeûne dans le cadre du ramadan qui a enflammé les esprits. Le 25 mars dernier aurait dû se dérouler une soirée de rupture du jeûne à l’initiative d’une poignée d’étudiants. L’événement avait finalement été interdit par la direction. Dans un communiqué pour expliquer l’interdiction de cette soirée, la direction de l’université assurait que la « neutralité des espaces communs, conformément à la réglementation en vigueur dans les universités publiques » ne permettait pas la tenue d’un tel événement.
Néanmoins, et dans un deuxième temps, la direction de l’université Lyon II a tenu des propos pour le moins ambigus au sujet de ce collègue, laissant planer un parfum que certains ont qualifié de douteux. Une nouvelle polémique a alors pris de l’ampleur, réactivée ensuite par le cas personnel du vice-président de l’université. Notre rôle n’est pas de remettre une pièce dans la machine et nous condamnons avec force les intimidations et les menaces dont ont été victimes ces personnes. Aucune prise de position ne mérite un tel déchaînement de haine et de violence. Les récupérations politiques, de tous ordres, n’ont d’ailleurs pas manqué. Nous ne rentrerons pas dans ce piège. Nous tenons simplement à réitérer notre soutien total au collègue enseignant dans l’épreuve qu’il a subi.
Mais surtout n’oublions pas que plusieurs autres collègues du Primaire, du Secondaire… sont victimes depuis des années, et encore récemment d’agressions, de menaces simplement parce qu’ils désirent faire respecter le principe de laïcité dans nos écoles, dans nos collèges, dans nos lycées. Après avoir longtemps mis cela sous le tapis l’administration semble, et c’est heureux, plus prompte à réagir et à soutenir, y compris en justice, ses personnels. Nous le saluons, même si des frilosités demeurent parfois localement tant le sujet semble inflammable.
Nous revoilà donc replongés encore dans ce cauchemar que l’Éducation nationale a voulu si longtemps nier par confort, lâcheté ou, parfois, idéologie. L’École, fabrique de la Raison pour chacun de ses élèves, est attaquée par les obscurantistes de tous bords. La laïcité y est combattue au quotidien dans de nombreux établissements et les personnels sont souvent bien seuls pour y faire face.
La laïcité ce n’est pas la simple neutralité de l’État au nom des libertés individuelles. Ce n’est pas que l’affirmation simpliste de la « liberté de croire ou de ne pas croire »… En vérité, ce qui remonte du terrain c’est qu’elle « est perçue par trop d’élèves comme un catéchisme répétitif, vide de sens, voire comme un régime d’interdits discriminatoires. C’est-à-dire rien de ce qu’elle est » (Patrick Weil). Et pourtant… C’est un principe positif et non restrictif. En vérité les seules limites à la laïcité (et donc à la liberté de pensée) sont celles qui mettent en péril l’ordre public. Il pose, certes dans un cadre, les conditions d’une totale liberté de pensée et c’est ce que l’on a trop oublié de rappeler dans nos enseignements.
Oui c’est bien l’École publique par le développement méthodique et progressif de la Raison chez l’élève, par l’enseignement du fait religieux, par la confiance et l’autorité qu’elle accorde à ses professeurs… qui doit ancrer dans l’esprit de notre jeunesse ce principe de laïcité.
Nous avons besoin d’une École protégée des passions religieuses et politiques, d’un État qui garantisse le droit de croire ou de ne pas croire, le libre exercice des cultes dans le respect des lois, d’un État qui protège ses professeurs et l’ensemble de ses agents. Où tout un chacun peut, s’il le désire, aller voir un film sur le combat de Charlie Hebdo et son avocat Richard Malka sans constater que la salle est protégée par des policiers (expérience vécue par l’auteur à Lyon récemment) … ou simplement ne pas être dans l’impossibilité de le voir parce que les cinémas de la ville ont refusé de le diffuser par peur de dégradations ou pire….
N’oublions jamais que la laïcité est une conquête (à l’histoire longue et mouvementée) et qu’il est donc fondamental de la préserver, de la défendre et de l’illustrer tous les jours. Et sans oublier qu’elle s’applique à TOUTES les religions. Les récents événements relayés dans les médias relatifs à l’enseignement privé nous rappellent qu’on ne doit pas focaliser notre regard sur une seule.
Aussi relisons le grand discours de Victor Hugo, alors député de la Seine, à la Chambre des députés en janvier 1850 que nous rappelait avec justesse Henri Pena-Ruiz dans Marianne très récemment. En voici un extrait célèbre :
« […] Jusqu’au jour, que j’appelle de tous mes vœux, où la liberté complète d’enseignement pourra être proclamée, et en commençant je vous ai dit à quelles conditions, jusqu’à ce jour-là, je veux l’enseignement de l’Église en dedans de l’Église et non dehors. Surtout je considère comme une dérision de faire surveiller, au nom de l’État, par le clergé l’enseignement du clergé. En un mot, je veux, je le répète, ce que voulaient nos pères, l’Église chez elle et l’État chez lui […] ».
Oui définitivement laissons les religions (toutes les religions) chez elles et l’État (et singulièrement l’École) chez lui. Et laissons les enseignants travailler.
Soutien donc plein et entier à tous ceux qui tiennent bon pour défendre le principe de laïcité !
Aujourd’hui comme hier notre section syndicale inter-académique »Action et Démocratie CFE-CGC » région AURA, pleinement apolitique, apartisane et laïque, se tiendra aux côtés des personnels face aux extrémistes et à leurs alliés. En paroles mais aussi en actes.

Cédric BIEL, professeur d’Histoire-Géographie-EMC en collège, président académique du syndicat « Action et Démocratie CFE-CGC Lyon ».
cbiel.actionetdemocratie@gmail.com
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